Chronologie des tensions récentes (points majeurs depuis la fin des années 2010 jusqu’à 2024) puis les principales implications économiques d’un conflit entre États‑Unis et Chine. Si vous voulez, je peux approfondir un point précis (ex. scénario autour de Taïwan, conséquences pour la France/UE, ou estimations chiffrées).
1) Chronologie des tensions récentes (sélection des jalons majeurs)
- 2018–2019 : guerre commerciale et mesures réciproques de tarifs entre Washington et Pékin ; premières grandes restrictions ciblant les technologies et entreprises chinoises (Huawei, etc.).
- 2019–2020 : renforcement des contrôles sur les exportations de technologies sensibles ; accusations mutuelles d’espionnage et tensions liées à la sécurité des télécoms 5G.
- 2020–2021 : crise COVID et montée des tensions diplomatiques (accusations sur la gestion de la pandémie, sanctions ciblées). La Chine accélère la modernisation de ses forces armées.
- 2021 : annonce de l’accord AUKUS (États‑Unis, Royaume‑Uni, Australie) — choc stratégique pour Pékin, intensification des coopérations de défense dans la région Indo‑Pacifique.
- 2021–2022 : hausse des sorties d’avions militaires chinois près de Taïwan et des patrouilles navales en mer de Chine méridionale ; augmentation des exercices militaires conjoints USA‑alliés.
- août 2022 : visite de Nancy Pelosi à Taïwan → réaction militaire chinoise importante (exercices, tirs de missiles balistiques) et durcissement des mesures économiques/ commerciales ciblées.
- 2022 (toute l’année) : lois et politiques chinoises renforçant le rôle des forces de sécurité en mer, et multiplications d’incidents maritimes avec des garde‑côtes/plateformes.
- 2022–2023 : politiques industrielles américaines (CHIPS Act) et coordination avec alliés (Pays‑Bas, Japon, etc.) pour restreindre l’accès chinois aux technologies de semiconducteurs avancées.
- février 2023 : incident du « ballon chinois » détecté et abattu par les États‑Unis → nouvelle détérioration symbolique des relations.
- 2023–2024 : renforcement coordonné des contrôles à l’exportation sur les semi‑conducteurs et équipements de fabrication ; multiplication des exercices militaires autour de Taïwan ; hausse des opérations de renseignement et d’activités cybernétiques attribuées aux deux camps.
- 2024 (contexte) : maintien d’une concurrence stratégique élevée — combinaisons de menaces conventionnelles, A2/AD, cyberattaques et coercition économique ; diplomatie intermittente mais sans résolution des lignes de fracture principales.
Remarques : la période est marquée moins par une escalade ouverte vers la guerre totale que par une « compétition militaro‑technologique » multipolaire, des incidents localisés et une normalisation progressive des contrôles sur les technologies sensibles.
2) Implications économiques d’un conflit (principaux canaux et effets)
- Perturbation du commerce mondial et des routes maritimes : une crise dans le détroit de Taïwan / mer de Chine méridionale entraînerait des retards et reroutages pour le commerce maritime, hausse des coûts de transport et afflux vers des corridors plus longs — augmentation du prix des biens importés et des délais de livraison pour de nombreuses filières.
- Chocs sur les chaînes d’approvisionnement technologiques : Taiwan (TSMC, etc.) et d’autres acteurs de la région jouent un rôle clé dans la production de semiconducteurs. Un conflit ou des sanctions sévères pourraient interrompre la fabrication de puces avancées, paralysant l’électronique, l’automobile, l’aérospatial et les équipements militaires.
- Volatilité financière et sorties de capitaux : marché actions, devises et marchés de crédit réagiraient violentement ; fuite vers les actifs refuge (dollar, or, bons du Trésor US), hausse du coût du crédit globalement. Les économies émergentes seraient particulièrement vulnérables à des sorties de capitaux.
- Inflation et contraction de la demande : hausse des prix de l’énergie, des matières premières et des transports pousserait l’inflation mondiale ; les banques centrales pourraient resserrer, aggravant le risque de récession mondiale.
- Rupture des échanges et fragmentation (déglobalisation) : sanctions, contre‑sanctions et politiques de « dé‑couplage » forceraient les entreprises à relocaliser ou à fragmenter leurs chaînes d’approvisionnement, entraînant coûts d’ajustement élevés, baisse d’efficience et investissements massifs pour reconstruire des capacités locales.
- Impact sectoriel direct :
- Énergie : hausse des prix du pétrole et du gaz si des routes ou infrastructures énergétiques sont menacées ; incidence forte sur les consommateurs et l’industrie.
- Agriculture et denrées : perturbations logistiques et des intrants (engrais, énergie) pouvant impacter les prix alimentaires.
- Industrie high‑tech et automobile : pénuries de composants critiques, ralentissement de la production et investissement forcé dans des filières alternatives.
- Transport maritime et assurance : primes d’assurance et frais d’affrètement en forte hausse ; réorientation des routes maritimes coûteuse.
- Effets budgétaires et dépenses de défense : augmentation rapide des budgets militaires et des dépenses liées à la sécurité nationale dans de nombreux pays, au détriment possiblement des dépenses sociales et d’investissement public.
- Risques systémiques et cyber : attaques cybernétiques sur infrastructures financières, énergétiques ou industrielles pourraient paralyser des segments entiers d’économie sans affrontement conventionnel prolongé.
- Effets à long terme : croissance mondiale plus faible, investissements internationaux réduits, multiplication des blocs technologiques et de standards incompatibles, et un coût structurel plus élevé de la coordination économique internationale.
Scénarios de gravité (très schématique)
- Incident limité / confrontation courte : perturbations temporaires, chocs brefs sur marchés et commerce, reprise graduelle mais confiance durablement affectée.
- Conflit régional intense (ex. attaque ou blocus autour de Taïwan) : ruptures majeures des chaînes d’approvisionnement technologiques, récession synchronisée mondiale, inflation durable et remaniement géopolitique des chaînes industrielles.
- Conflit élargi / implication directe d’alliés / utilisation d’armes de destruction massive : conséquences catastrophiques humanitaires et économiques – effondrement des marchés, crise financière systémique et impact durable sur le système économique mondial.